Les enfants de la libèrté

 





     - Croyant en plus, tu as très bien payé ta liberté, tu as le droit à une prime. Estime-toi chanceux, emporte ces sept bons à rien, voici leurs permis pour sortir du pays, fou le camp, avant que l’on se débarrasse de vous autrement.

Souvent, il y a un sens pour toutes les coïncidences de la vie, les enfants, trois filles et quatre garçons n’ont pas peur de l’instant.
Durant leur détention, les chérubins sont devenus laids, ils ont été certainement beaux, ces gamins sont devenus maigres et blêmes.
Même leurs morphologies en disent long, ils ont tous les sept environ douze ans, on leur en donne neuf ou dix, on perçoit plusieurs saisons de douleurs.
Leurs grands yeux explicites sur leur faciès sont enfoncés dans une sorte de cavité, à force d’avoir tant sangloté.
Les recoins de leurs bouches ont le galbe de l’angoisse, que l’on observe chez les malades, les désespérés.
Éclairé par le soleil, maintenant, leur squelette fait montrer leurs os, et fait rendre leur rachitisme très prononcé.
Les conditions recroquevillées durant leur détention leur font avoir un dos voûté.
Les vêtements du moment qu’ils portent ressemblent à des chiffons.
On voit apparaître ici et là leur peau blanche à travers leurs guenilles trouées et déchirées.
Des aspects sur leurs petits corps laissent apparaître des traces de coups.
Sous leurs attitudes, leurs maintiens, leurs mutismes, leurs regards, on devine de la crainte.
De maints petits souffles réduits au minimum provenant de leur sternum, traduisent l’angoisse, dans le fond de leurs yeux on observe une place à la frayeur, l’épouvante.



Anas De Bernieras

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