La lutte.








J’ai besoin d’air, de me défouler, je sprint, mon vélo est en sueur, je possède les clés de la salle de dessin du lycée.
Une toile est par terre, je ramasse des tubes, je barbouille dans les tons ombrés, et mats, ça sort de mon cœur malade.
Mes doigts suivent leurs instincts, ils font ce qu’ils veulent de la palette, un mélange de querelles avec moi-même, ma nature du moment.
Mille artifices, mille explosions font foison sur le tableau, un chiffon, j’efface, une spatule, je racle, un pot de jaune or, il est projeté et décor l’entourage sous ma rage, un tube de brun, un autre de je ne sais quelle couleur, et voilà « La lute de QuiQuiTriste avec ses détracteurs ».
Loin d’être monochrome, on ne sait pas qui se bat, l’endroit où il se bat, la vigueur de l’artiste y est, l’œuvre représente son duel personnel, sa solitude, l’incompréhension de sa situation, un genou à terre, les mains tendues vers le haut, l’artiste rivalise avec le ciel.
Je reste assis la tête entre les jambes toute la nuit, au petit matin, j’entends des clés, il faut rentrer, c’est dimanche, le gardien fait sa ronde, je signe mon bout de tissu « Q », il sera jeté demain par la « prof » de peinture.

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