Une vie paisible de trois jours

 






Il y a un bouquet d’iris bleus le long de la barrière à ma droite.
Un sentier avec ses ornières où l’herbe mélangée aux jonquilles jaunes se mêle à gauche.
Je m’aventure en solitaire dans l’endroit où l’on peut imaginer que la vie disparaît.
C’est le portrait de mon lieu, où je viens de passer seul trois jours dans ma maison de Vernon, après la terrible épreuve que je viens de vivre avec ce petit, le fils d’Alice.
Ma vie est troublée par toutes ces péripéties.
Mon divorce est sous tension avec Nola, il est en cours de procédure.
L’indifférence et le mépris de mes parents envers moi, s’accumulent.
Mes filles sur le papier sont inexistantes.
QuiQuiMiel n’est plus dans mon ciel, Nola a disparu.
Vu d’ici, je domine en contrebas un pré dressé de hautes meules de foins, identiques à des huttes.
Pratiquement toutes les maisons sont cachées par de grands arbres.
Je me dirige à pied à Giverny, mon jardin privé, que Claude met à ma disposition.
Mon parcours se poursuit en longeant le bras de l’Epte qui passe par le parc.
Les jardiniers sont aux affaires, les uns pour tailler les merveilles de cette nature, et les autres pour entretenir avec précaution les nénuphars qui se prélassent au soleil.
Mon oreille droite écoute le chant des grenouilles qui répondent aux cris des oiseaux.
Mon oreille gauche écoute le silence coupé par le vent qui fait bouger les feuilles des peupliers.
Mes yeux balayent la pelouse qui est éclairée par la lumière du soleil bien en forme.
L’énorme chêne sous lequel je suis assis et adossé, cette force de la nature s’étire du sol pour presque toucher le ciel, il est là pour soutenir tout mon être.

- S’être installé à cette place est signe que vous avez besoin de soutien. Sachez que je, que nous serons présents tout le temps pour vous, QuiQuiTriste. Edgar m’a assuré de vous apporter du réconfort dans une toile pour égailler votre cœur. Berthe, vous envoie les fleurs de son tout en couleur, et Alfred vous invite bien volontiers dans , me dit Claude pour tenter d’atténuer mes méfaits, très amicalement.

- Finalement, au milieu de ce somptueux décor, QuiQuiMiel nous manque à tous. Elle nous fait défaut quand elle s’étendait avec sa tête sur vos jambes, à l’abri de son ombrelle. Ou bien quand elle s’allongeait dans l’herbe, face à vous, les yeux dans les yeux, ne parlant plus, laissant le silence prendre place. Grâce à ce tableau je vous adresse toute ma sympathie, me dit Vincent, dans toute sa modestie.

Enseveli par ma sinistre destinée durant deux heures sous ce grand arbre, me voilà secoué par des éclairs et de la foudre.
Je dois avancer et pouvoir régler les choses importantes dans ma vie.
Il faut que je tienne promesse à Michel, que je joigne en urgence Alice sa mère qui est en voyage, que je libère Mira, retenue.
Je suis perdu un instant par les allées et venus de mes pensées à grande vitesse, la résilience de mon cerveau reprend le dessus.
Il me permet de tirer une évidence et une résolution à ces missions, sans dégager d’anxiété.
Réveillé de je ne sais quel sommeil, je me retrouve dans ma chambre, sans avoir connaissance, de m’y être rendu.
En ouvrant en grand la fenêtre, je contemple le ciel radieux, ma première demi-heure s’écoule ainsi.
Je suis assis à la table de la cuisine, dépourvu d’autre meuble, il y a tout de même mon lit.

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