Héléna est là



Viens un instant de ma durée, émouvante, bouleversante, gravé à tout jamais dans mon esprit.
Ravi, j’assiste pour la première fois à l'arrivée d'un nouvel être dans la vie.
Assis dans le couloir de l’espoir, nous n’avons aucune mémoire de la minute de notre naissance, seuls les parents ont ce miroir.
Croire pendant dix heures de travail à la voir, Quiquijolie donne vie à Héléna, là suit délivrances, soulagements, pleures et joies.
Soit, contrairement à la maman qui l’a porté neuf mois, je dois trouver ma place, l’instinct de père pour cette fille est immédiatement ressenti, mon cœur bat plus fort que le tambour.
Tour à tour sont des questionnements pour moi, simple mortel que je suis.
Enfouie, une once de semence a été abritée dans la matrice de Quiquijolie, puis transformée en sang, en chair, puis façonnée d’un corps où se trouvent un cœur et des poumons.
Vision lointaine, voilà que cette larme est à la fois tout cela, et elle est maintenant dans le monde, une perle, un océan, une reine.
Sereine, endormie, je l’entends, je la vois, je la sens, elle est arrivée jusque-là, maintenant elle ne restera pas là, elle ira au-delà en une terre très douce sous un ciel très clair, c’est ce que je lui espère.
Père, je viens d’un trait discontinu esquisser sur des documents officiels, mes sceaux.
— Ô, mon enfant, as-tu mes gènes, un gène m'appartenant sur ta molécule d'ADN ?
Certaines questions viennent à moi, voilà, je me soumets à toi.
Moi, je vis dans un monde peu éloigné de la piété, je te souhaite exaucée, satisfaite, sans émois.
Soit douce et bonne comme le jour, peu être pieuse, pour les cieux, je te souhaite peu de choses pour être heureuse, un regard, un sourire, une âme, pour ma part, voilà, cela est mon souhait pour ton univers.
Vers un ciel qui sait les maux et les douleurs, prend soin toujours de tes jours, baigne tes cris dans les nuits si tu peux.
Dieu apaise chacun de nos pas, ici-bas, notre âme peut l’accompagner, à ne pas haïr, mais aimer.
Arrivé seul à l’appartement, mon indice d’explosivité émotionnelle est à son apogée, les larmes de mon corps se mettent à ruisseler, de joie, d'émotions extraordinaires, l’acte d’être père me rend heureux, un fond fiévreux.
Anas De Bernieras

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