Dès l’imperceptible viabilité de mon existence reliée au fil de cette orfèvrerie qui est la vie, mon approvisionnement en ressource vitale a été la résonance invariable du manque d’argent, greffé au cœur des événements.
En moi est martelé comme un implant.
Mes parents m’ont incubé leur manquement de deniers, ce fragment de ferrement, ce métal blanc de nombreux gens.
Pas celui qu’ils ont, mais celui qu’ils n’ont pas.
Celui-là qui est nommé, intitulé de bien différentes façons, celui qui déclenche pleures et gémissements très souvent.
Étrangement, à l’endroit où je suis, des paroles semblent provenir de l’extérieur.
Une gorge profonde, des cris aigus, parfois menaçants, je ressens alors les premiers malaises de la coexistence naissante de ce qui m’attend dans mon début de vie.
Puis, une pression semble s’exercer depuis l’extérieur, ce n’est pas enchanteur du tout.
Je glisse, la voix, les voix crient, ma mère hurle à plusieurs reprises sa plainte, inspiration, expiration, je suis né.
— Aimé, vais-je être aimé par mes chers ?
Sévère première séance de vie, je suis allongé des minutes entières sur une paillasse en inox.
Ma mère n’a que faire de mon corps recouvert de son sang coagulé.
Je suis délaissé par tout le personnel de l’hôpital.
Il est débordé à compter, stocker, raccommoder, les premiers défigurés, tous les démembrés, d’un effroyable attentat à Paris.
Voilà les critères de ma future carrière au milieu de ce cratère.
De sincères nausées Nationale ont été ressenties après la secousse d’une charge.
Il a été décompté sept assassinats et cinquante-cinq mutilés, les éparpillant tous les corps par terre.
Cher Air maintenant, si cher depuis toutes les ères antérieures à mon apparenté, à l’inspirer, à l’expirer pour garder le meilleur dans nos corps, s’exalter, me voici mal arrivé.
Harassé depuis ma première période d’être vivant au milieu de toutes ces carcasses, ma mère et mon père rêvassent exclusivement de caillasses, de billets, de monnaies, ils en ont oublié de signer les papiers de ma venue, je suis d’ores et déjà abattu.
Vue à partir de ma présence, cette essence invisible pour survivre au sein des miens, leur est plus importante que ma petite figure.
Sûr déjà pour moi, que peu-être aimé est une éducation, un enseignement qui avec le temps, sera espérant évident.
Certainement que, comme apprendre à marcher, à parler, à lire, on doit nous apprendre à aimer, à être aimé, cela est déjà pour moi dans ces premiers moments le centre de mon existence.
Enfance bien curieuse, dès mes premières années, je suis en permanence frappé, lacéré par mon apparenté qui se lamente devant le manque de découpes de substance métallique.
Magnifique pouvoir de destruction, situations systématiques, le fric est en quantité insuffisante en permanence.
Je vois rouler distinctement le bâton sur moi qui leur sert de défouloir.
Voir mon dos et mes fesses de couleur noir et bleu, leur enjeu est quotidien au sein de ma clique.
Mécanique donc quasi, mon individualité est martelée, retournée comme ces portions de tôle par le dire de mes darons qui prêtent sermon à la maison sur différents tons.
Son étrange, invariablement immaculé ou doré, c’est un éclat d’acier numéroté qui apporte plus de brutalité que de volupté.
L’humanité en est atteinte, d’innombrables personnages connaissent les dommages et la rage de ces quartiers d’alliage.
L’assemblage, sentiment amour, et cet élément, est capital, central en dehors et en dedans de nos corps.
L’accord de ces rondelles de métal fluctue en particules de coupure.
Elles procurent encore plus d’égratignures et de tortures.
Elles deviennent des feuillures de papier estampillées et chiffrées, toutes en couleurs imprimées.
Essayer de discerner mes parents, je comprends qu’ils ne sont pas plus exécrables que beaucoup d’autres gens.
Strictement, tout ce qui les concerne, ne passe pour eux qu’après le métal blanc, cela va s’en dire avant moi évidemment.
Inéluctablement, ils adorent l’or en condor, pour pouvoir se mirer dedans, se refléter sur le marché, effacer les âmes, éjecter l’affection des autres, la bonté, et essentiellement la tendresse.
Maîtresse importune, sous-maîtresse de la bestialité, elle est de toutes les saletés de l’humanité.
Approuvé par beaucoup, il est évident que nombreux ne voit que par lui.
C'est un or dur qui torture un grand nombre d’individus, en commençant par moi, bien entendu.
Conçu de façon saugrenue, mes associés, père et mère se positionnent face à moi, se baragouinent à eux-mêmes de blêmes réalités.
Immobilisé, par ce qu’il va m’arriver, tout parle en eux, bien évident par ce qui est concret.
C’est la vérité sur la pauvreté de mes directeurs de conscience, qui les fait se défouler sur ma petite personnalité.
— Siccité routinière relative au pognon, nous n'en créditons pas, nous n’en possédons pas. Nous n’en avons qu’un soupçon. Illusion d’advenir, nous sommes des mendiants. Nous n’y arriverons nullement. Le monde se montre infligent nous concernant, répètent-ils en se décompensant sur moi tout le temps.
Subitement, des plaies se sont ouvertes en moi, elles subsistent à jamais sur mon corps et dans mon être.
Peut-être ou même certainement, sans science précisément de quoi il s'agit, par effets de sinuosités, je suis dévoré par les mots de mes collatéraux qui forment mes maux.
Fondamentaux inexpliqués, je ressens une absence de sentiments dus au manquement flagrant d’acquis, qui est le cœur de leur vie.
Esprits divagateurs et pensées économiques ravageuses sont au quotidien au sein des miens.
Il vient un temps maintenant, où je ressens, même si je suis encore enfant, qu’il va falloir m’éduquer sur un autre créneau que les capitaux au plus tôt.
Anas De Bernieras
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